L’IRRATIONNEL
L’irrationnel ! Je vais donc pour commencer vous parler
assez longuement de tout ce dont je ne veux rien dire sur le sujet. Mais
rassurez-vous, je serai assez bref ...
L’irrationnel, c’est ce qui échappe à la raison. Et cet
irrationnel, je le piste, je le traque depuis des jours, des semaines. Je crois
enfin le saisir, il s’échappe. Je m’en approche, il s’éloigne à nouveau. Je
crois enfin l’avoir pris au piège et le voilà qui redevient insaisissable.
Alors, que reste-t-il de cette recherche qui, loin de m’avoir fait perdre mon
temps, contrairement à l’autre qui cherchait le sien parce qu’il l’avait perdu,
et bien mieux qu’une madeleine, m’a permis de méditer, voire même réfléchir sur
un sujet qu’on aborde toujours, souvent du moins, de mauvaise façon.
Donc, l’irrationnel, c’est ce qui échappe à la raison.
Définition du Grand Larousse Encyclopédique (édition 1962) : « Ce qui, dans
l’objet de la connaissance, se révèle irréductible à la seule raison ». Alors,
qu’est-ce qui lui échappe à cette raison toute puissante ? Pour tenter
d’approcher ce, ou ces, domaine(s) irrationnels, je vais commencer par éliminer
tous ceux qui héritent abusivement de cet épithète. C’est à dire toutes les
disciplines dont l’étude, à mes yeux, relève complètement de la raison, qui ne
sont donc irrationnelles que parce que la raison ne les a pas encore totalement
disciplinées.
Pour ne pas être trop long, je ne ferais que vous les
présenter à travers leurs développements de recherche les plus récents.
1) La
parapsychologie : transmission de pensée, perception extra-sensorielle,
télékinésie, etc.
Souvent connu sous le nom de Laboratoire de
Parapsychologie de Toulouse, le Groupe d’Etudes Expérimentales des Phénomènes
Parapsychologiques (G.E.E.P.P.) réunit exclusivement des universitaires, des
médecins, des ingénieurs et des techniciens supérieurs. Tous considèrent que
les phénomènes dits « parapsychologiques » posent un problème scientifique et
le premier objectif du G.E.E.P.P. est d’appliquer à ces phénomènes la méthode
expérimentale.
Au Canada, cela s’appelle la psilogie. Une première
définition en est énoncée par ses chercheurs comme suit : « la psilogie a pour
objet l’étude de toute une classe de phénomènes caractérisés par le fait qu’ils
ne sont pas expliqués par la science conventionnelle... Par contre, nous ne
tolérons aucune ambiguïté au sujet des méthodes utilisées : c’est la démarche
scientifique qui est de mise. Une démarche qui peut être élargie, certes, mais
les principes de base restent là : objectivation du phénomène, observations
reproductibles, méthode expérimentale, construction et validation de modèles
d’interprétation ».
2) L’étude
de l’inconscient, et en particulier des archétypes jungiens. Un magnifique
développement de cette étude est la synchronicité. Pour cela, je vous renvoie
au livre de David Peat : « Synchronicité » dont je vous lit la 4ème
de couverture.
Si vous n’avez pas le courage, ou l’envie, de vous appuyer
ces 272 pages, voici une petite nouvelle qui vous mettra en présence de ce que
l’on appelle la synchronicité.
3) Après
avoir constaté, comme nous venons de le faire, que le lien entre l’esprit et la
matière ne relève pas de l’irrationnel, beaucoup de recherches montrent qu’il
en est de même pour celui qui existe entre le corps et l’esprit, et bien
au-delà de l’idée courante que nous nous faisons de la médecine
psychosomatique.
Encore un livre extraordinaire du Docteur Deepak Chopra :
« Le corps quantique » dont le titre lui-même est évocateur. Je vous en lis
aussi la 4ème de couv.
4) Allons
encore un peu plus loin. La psychogénéalogie du Docteur Ann Ancelin
Schutzenberger relie notre vie quotidienne à celle de tous nos ancêtres. Elle
parle de liens transgénérationnels, de syndrome d’anniversaire, de secrets de
famille, de pratique du génosociogramme. Et bien sûr, ces découvertes
s’appuient sur son expérience de praticienne et sur les méthodes scientifiques
traditionnelles d’enquêtes. Je la cite :
« Notre vie à chacun est un roman. Vous, moi, vivons prisonniers d’une
invisible toile d’araignée dont nous sommes aussi l’un des maîtres d’œuvre. Si
nous apprenions à notre troisième oreille, à notre troisième œil, à saisir, à
mieux comprendre, à entendre, à voir ces répétitions et ces coïncidences,
l’existence de chacun deviendrait plus claire, plus sensible à ce que nous
sommes, à ce que nous devrions être. Ne pouvons-nous pas échapper à ces fils
invisibles, à ces triangulations, à ces répétitions ? » C’est extrait de son
ouvrage : « Aïe, mes aïeux ! »
5) Pour
finir, je ne ferais que citer l’expression favorite de Rudolph Steiner : « Nous
devons étudier l’esprit comme n’importe quelle autre science ».
Il nous faut, à présent, donner tort à Hegel qui disait :
« Tout ce qui est rationnel est réel. Tout ce qui est réel est rationnel. » En
effet, tout ce qui est réel n’est pas forcement rationnel, c’est à dire ne peut
pas être nécessairement appréhendé par la raison, du moins par la seule raison.
1) Commençons
par l’univers.
Comment la raison peut-elle appréhender l’infiniment petit
de la physique quantique ? Comment pouvons-nous comprendre, au sens littéral du
mot, un univers où le temps et l’espace n’existent plus ? Où de la matière peut
naître du vide ? L’intelligence humaine peut accepter les résultats
mathématiques, les solutions d’équations complexes, mais la raison est
impuissante face à l’image du monde que ces calculs induisent.
Il en est de même pour l’infiniment grand. Comment
imaginer un univers qui grandit dans rien ? Comment concevoir l’ expansion d’un
organisme qui n’aurait pas de limites, pas de « bords » et tellement de vide
qu’il en devient indétectable ?
2) Puisque
nous parlons des astres, je voudrais évoquer l’astrologie. Cette science exacte
d’observation de la nature nous pose un véritable défi. La raison peut facilement
comprendre et accepter l’idée de l’influence des planètes sur toute forme de
vie, sur terre ou ailleurs. Il me semble même déraisonnable d’affirmer le
contraire. Mais, à partir de ce constat, comment imaginer que nous puissions un
jour mesurer tous les paramètres qui entrent en jeu dans tous les comportements
de tous les êtres vivants sur la planète où nous habitons ? La raison même nous
dit que c’est impossible. Nous n’aurons à notre disposition que des
approximations, des statistiques, des probabilités, mais jamais l’appréhension
complète du réel.
3) Marc
Boutin nous à brillamment démontré qu’il en était de même en ce qui concerne le
hasard. La description complète de tous les événements possibles est par
essence irrationnelle à cause de l’ impuissance de la raison à les appréhender
dans leur totalité.
4) Enfin,
la raison est impuissante à répondre à la question fondamentale de toute
science, à la question fondamentale que se pose tout être humain : « Pourquoi ?
» Pourquoi le monde plutôt que rien ? Pourquoi l’existence ? Lucien Chevalier
nous dit, dans sa note sur la philosophie que, seule, cette dernière peut nous
permettre au moins de poser la question correctement. Mais il nous dit aussi
que la philosophie lui permet d’éclairer sa foi. Or la foi, même si elle a
besoin d’être raisonnable, ne naît pas sur le terrain de la raison. Et si le
réel contient effectivement le divin, ce n’est pas la raison qui permettra d’en
avoir la preuve ni la certitude. La métaphysique elle-même a quelque chose d’irrationnel.
Est-il raisonnable, en effet, de postuler l’existence d’un monde intelligible,
de principes supérieurs ou d’un Esprit absolu ?
Vient à point une citation de Pascal : « La dernière
démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui
la surpassent. »
Je voudrais terminer, par une touche plus légère, sur une
phrase dont le double sens est patent, dans laquelle l’opposition entre
rationnel et irrationnel est évidente : « L’amour a des raisons que la raison
ignore. » J’y ajoute une confirmation toute personnelle : je trouve tout à fait
irrationnel d’aimer encore sa femme après 25 ans de mariage, ce qui est mon
cas.